jeudi 10 mars 2011

Parfois, j'imagine que Hong Sang-Soo fera autant de films dans sa carrière que Allan Dwan et je flippe ma mère


Turning Gate

Gyung-Soo, comédien de théâtre, déchante après l'échec de son premier film au cinéma. Un ami écrivain lui présente Myung-Sook. La jeune femme s'éprend de façon obsessionnelle de Gyung-Soo…


La femme est l’avenir de l’homme

Munho, professeur d'art plastique, retrouve son ami Hunjoon, cinéaste sans le sou qui vient des Etats-Unis. Ils partent sur les traces de Sunhwa, une jeune fille dont ils étaient tous les deux amoureux quelques années auparavant.


Conte de Cinéma

A Séoul, un étudiant suicidaire rencontre une jeune fille qui désire l'accompagner dans son geste fatal. Un réalisateur croise, en sortant d'une salle de cinéma, une femme qu'il pense être l'actrice du film qu'il vient de voir.


Woman on the beach

Joong-rae, réalisateur coréen, prépare son prochain film. Ne parvenant pas à finir son scénario, il décide de partir à Shinduri, une station balnéaire de la côte ouest pour trouver l'inspiration. Il demande à son ami chef décorateur Chang-wook de l'accompagner…


Les femmes de mes amis

Ni riche, ni célèbre, Ku Kyung-nam a la réputation d'être un réalisateur de films d'auteur. Alors qu'il est membre du jury d'un festival d'une petite ville, il tombe nez à nez avec un de ses vieux amis, Bu. Après quelques verres, Ku est entraîné chez Bu où il fait la connaissance de sa femme qui prétend connaître tous ses films.


HA HA HA

Un réalisateur coréen émigré au Canada revient en Corée du Sud et rencontre un ami critique de cinéma. Ils rencontrent une jeune femme...


Oki’s Movie

Quatre histoires courtes sur l’évolution de deux relations liées à la même femme mais aussi sur la nature du cinéma, les complications de l’amour et la difficulté de communiquer sincèrement.


mardi 4 janvier 2011

Top 10 ciné 2010

Top Cinéma 2010

1. A Serious Man, de Joel et Ethan Coen

Curieusement, les Cahiers du Cinéma ont récemment fait l’apologie du film mais en louant sa capacité à ne proposer « aucune morale ». Pour moi, ce fut tout le contraire, le film m'a semblé véhiculer la plus belle et plus humble morale qui soit ; faire du mieux que l’on peut, tant qu’on peut. Et « Aider les autres ? Ca ne peut pas faire de mal » ajouterait le rabbin Nachtner. Possible donc d'adorer un film autant que son voisin, tout en en pensant exactement l’inverse.



2. Oncle Boonmee – celui qui se souvient de ses vies antérieures, d'Apichatpong Weerasethakul

Apichatpong Weerasethakul retrouve et décuple les histoires et les personnages en mutation de Tropical Malady. Avec Oncle Boonmee, ces régénérescences traduisent désormais un discours convergeant vers la multitude. Le cinéaste demande à chacun de contempler sa propre vie, précieuse et souveraine. Ce nouvel enchantement du cinéaste-magicien lui valut la Palme d’or.



3. Inception, de Christopher Nolan

Il y a une dizaine d’années, le prologue du film aurait fait office de twist final dans eXistenZ de Cronenberg. Aujourd’hui, chez Christopher Nolan, une telle péripétie n’est qu’un point de départ. Les récits s’enchâssent, deux fois, trois fois, plus. Et chacun des rêves enchâssé est un thriller haut de gamme. Et celui qui les gouverne tous, dont on ressort sonné, est même du genre à faire pleurer.



4. Kaboom, de Gregg Araki

Araki brasse tout : le teen movie, l'épouvante façon Lynch, les campus pastels d’Argento, la SF à la fois pure et désinvolte de Southland Tales (Richard Kelly), etc. Il mélange tout ce que l'on a toujours aimé mais n'aurait jamais osé lui demander. Un rêve !



5. The Social Network, de David Fincher

Evoquant le lancement chaotique de Facebook, David Fincher s'intéresse tout particulièrement aux nouvelles dualités induites par l'avènement du web 2.0. Vérité et réalité virtuelle, identité propre et avatar se télescopent à l’aide de ses effets visuels, tous superbes parce qu'invisibles.



6. Où sont passés les Morgan ?, de Marc Lawrence

Marc Lawrence a eu au moins deux idées géniales : faire de son protagoniste un antihéros à la Woody Allen et le faire jouer par Hugh Grant. Un idéal de comédie du remariage, digne des classiques de l'Âge d'or.



7. Bad Lieutenant – escale à la nouvelle-orléans, de Werner Herzog

Herzog se fiche de tout : de la clarté de ses transitions du réel vers l'imaginaire, de la vraisemblance de ses multiples intrigues résolues en un unique et délirant plan-séquence et, plus que tout, il se fiche bien de ce que pense Ferrera de son « remake ». A l'image d'un génial Nicolas Cage, son œuvre est libre et complètement givrée.



8. Le Quattro Volte, de Michelangelo Frammartino

Frammartino regarde le monde sans se soucier de la hiérarchie imposée depuis des siècles par les lois des hommes. Discrètement, il parvient même à nous faire croire qu’il maîtrise l’impondérable. Les ombres des nuages vont et viennent, attirent nos regards sur un pan de terre ou un autre, et son geste de cinéma semble se substituer à l’acte de la nature. Magique.



9. The Karate Kid, de Harald Zwart

Sous l’égide du Kung-fu et de quelques autres marques du folklore chinois, Zwart a bien caché son film fantastique ; contrôles des corps et des pensées rythment cette ébouriffante ascension du mal nommé « karaté kid ». Si le film est si puissant, ample et surprenant, ce n'est pas malgré sa durée, mais bien grâce à elle...



10. Un homme qui crie, de Mahamat Saleh-Haroun

Construit comme une tragédie grecque, ce Prix du Jury du dernier Festival de Cannes raconte l'histoire, simple et profondément émouvante, d'un père qui oublie l'espace d'un instant l'amour qu'il porte à son fils. Une brève erreur, vouée à détruire deux vies entières.

lundi 5 octobre 2009

Mes 15 épisodes de série télé préférés

Pour ce top là, je me suis engrainé tout seul ://
...et ça n'a pas été de tout repos !

1. « The Merv Griffin Show » - Seinfeld
(1997 – Saison 9, Episode 6)

2. « The Extra Special Series Finale » - Extras
(2007 – Saison 2, Episode 7)

3. « The Garage Door » - Freaks and Geeks
(2000 – Saison 1, Episode 12)

4. « Let’s go to the Hop » - Les Griffin
(2000 – Saison 2, Episode 14)

5. « Mr. F » - Arrested Development
(2005 – Saison 3, Episode 5)

6. « Mirror Image » - Code Quantum
(1993 – Saison 5, Episode 22)

7. « The Doll » - Curb your enthusiasm
(2001 – Saison 2, Episode 7)

8. « Britney’s New Look » - South Park
(2008 – Saison 12, episode 2)

9. « The One Where No One’s Ready » - Friends
(1996 – Saison 3, Episode 2)

10. « My Bed Banter & Beyond Part » - Scrubs
(2002 – Saison 1, Episode 15)

11. « Pilot » - The Lone Gunmen
(2001 – Saison 1, Episode 1)

12. « Nightmare at 20,000 feet » - La 4ème Dimension
(1963 – Saison 5, Episode 3)

13. « Marge be not proud » - Les Simpson
(1995 – Saison 7, Episode 11)

14. « The Job » - The Office (US)
(2007 – Saison 3, Episode 23)

15. « Oldies but Young ‘Uns » - Mariés, deux enfants
(1991 – Saison 5, Episode 17)

Mes 10 disques préférés des années 2000 :

A l'initiative d'un pote... j'ai aussi fait mon Top 10 des albums de 2000 à 2009 !

1. IN RAINBOWS (Radiohead, 2007)

2. THIS CLOUD IS LEARNING (Nicolai Dunger, 2000)

3. I AM A BIRD NOW (Antony & the Johnsons, 2005)

4. THE TRIALS OF VAN OCCUPANTHER (Midlake, 2006)

5. "the cross" (Justice, 2007)

6. ORIGINAL PIRATE MATERIAL (The Streets, 2002)

7. THUNDER, LIGHTNING, STRIKE (The Go! Team, 2006)

8. PARACHUTES (Coldplay, 2000)

9. YOU KINGDOM YOU (Fires of Rome, 2009)

10. BANG BANG ROCK & ROLL (Art Brut, 2006)

samedi 22 août 2009

Destination Finale 4

Toute mort, dans la saga Destination Finale, repose sur un enchevêtrement d’éléments qui mènera au décès spectaculaire, effroyable et inéluctable du personnage. Ces quelques scènes essentielles se font toujours désirer, un peu comme les combats d’un film de Bruce Lee. Malheureusement, puisque l’on nous ressert l’exact même canevas depuis 2001, difficile de rendre passionnants les intermèdes qui séparent ces morceaux de bravoure escomptés… Le second épisode fit un choix crucial, celui de concentrer son énergie sur la mécanique fatale : presque aucune intrigue, mais un plaisir inouï à chaque mise à mort. L’inventivité formelle de David R. Ellis apporta considérablement à la réussite de l’excellent Destination Finale 2. Mais c’est plus encore cette vacuité narrative qui rendit l’expérience si viscérale, si intense. Pour l’épisode de trop, celui qui n’a plus rien à raconter et qui cherchera seulement à en mettre plein la vue avec la 3D… c’est donc sans surprise que les producteurs firent de nouveau appel à cette fine équipe.

" A la base de tout, il n'y a rien"
Jean-Louis Rien.


Le scénariste Eric Bress fait donc son job à moitié, et c’est très bien comme ça. Pour preuve, lorsque l’épilogue ménage un coup de théâtre, celui-ci ne repose sur aucun élément tangible disposé auparavant. Quant au début, il est bâclé (l’accident initial ne vaut rien par rapport à celui de l’autoroute de l’opus 2) et la fin, encore plus. Une scène finale qui a au moins le mérite d’être honnête sur le manque de substance affichée des auteurs : des squelettes, translucides de surcroit, se font briser en mille alors que seule l’hémoglobine garde sa consistance et sa couleur à l’image. Des personnages vides et du sang : la recette gagnante du film est symbolisée par cette image terminale. Mais, entre temps, alors ? Entre temps, quelques sursauts vous feront dire que le paiement pour la location des lunettes n’a pas été aussi justifié depuis longtemps. Il était triste de constater que le passage en 3D le plus réussi de Là-haut était la pub Haribo diffusée juste avant le film. Cette fois-ci, on en a pour son argent !

Une Pub Haribo en 3D : c'est gratuit.
Les bonbons Haribo au comptoir confiserie : c'est 10 € les 300 grammes.
Payer 10 locations de lunettes 3D en une année de cinéma : ça n'a pas de prix...

Coupable d’une inspiration aléatoire, on reprochera toutefois à Eric Bress de s’être abaissé – et c’est une première ! – à une mort-gag expéditive (l’un des « condamnés » meurt de façon abrupte sans que le film n’ait fait monter la sauce comme à l’accoutumée), et aussi de nous refaire le coup de la fausse piste. Dans Destination Finale 2, un gamin s’extirpait in extremis d’un piège terrifiant où l’électrocution et / ou l’étouffement l’attendait à chaque seconde, pour finalement mourir écrabouillé par une plaque de verre alors qu’il cherchait à faire s’envoler des pigeons (oui je sais, c’est génial…). Ici, rebelote : un personnage meurt d’une façon absurde alors que David Ellis s’était évertué à faire monter une pression illusoire (liquide sur le sol, ventilo coupe-tête désolidarisé, etc.). Même quand ils tournent à vide comme ici, ces passages sont toujours efficaces, tétanisants surtout, et quel plaisir de les voir encore rehaussés par les effets du relief. Le spectateur passe chaque séquence à se cacher les yeux. Du bon, donc, mais que du déjà-vu ? Tut-tut. Il y a du neuf dans DF4 : gain de temps et maximisation de la terreur, Ellis met en scène une double-mort en montage parallèle. Un suspense monstre, en apnée (littéralement !), pour la séquence la plus captivante de l’ensemble. Autre nouveauté : la « mort » mise en abyme, lors de la séquence finale. Sans trop en dévoiler, le passage évoque étrangement le grand final d’Inglourious Basterds. Comme Tarantino, ce qu’aime Ellis, c’est exploser les bordures de ses cadres. Alors quand il filme une explosion, il ne faut pas venir se plaindre si l’on sort de la salle avec quelques cheveux cramés…

Les bons souvenirs de "Maman, maman... cool, des pigeons !!", c'est à voir ci-dessous ici :

lundi 2 mars 2009

Eastwood, bientôt Ministre de la Culture, enterré au Panthéon et canonisé

Bon, ça y est, je crois qu'on pouvait pas faire pire...

Depuis la sortie de Gran Torino, il y a une semaine, il y avait de quoi se dire que - malgré les qualités du film - la presse français était quand-même assez timbrée, trop emportée, démesurément folle amoureuse de Clint Eastwood et que ceci expliquait que l'on pouvait lire ci et là que son dernier film en date était son "plus beau film", "une merveille", "un chef d'oeuvre".

Mais là, je crois que la France du cinéma est allé trop loin ! Ca ne suffisait pas que l'on célèbre Eastwood avec cet accueil critique énormissime... le Festival de Cannes, 9 mois après ou trois mois avant son édition, peu importe, comme ça, parce que c'est la fête, décide de décerner une Palme d'Or à Clint Eastwood, juste parce qu'il est trop super...

http://www.20minutes.fr/article/304982/Culture-Palme-d-Or-pour-Clint-Eastwood.php

Bon évidemment, Spielberg, De Palma ou encore Wong Kar-wai peuvent aller se faire voir au Pirée pendant ce temps-là !

lundi 10 novembre 2008

W. - l'improbable réussite


Je n'ai pas peur de le dire, j'ai aaaaadoré W. !

Je n’étais pas très chaud pour le voir pourtant, ce dernier Oliver Stone, qui retrace la vie du second Président Bush. J’y suis allé essentiellement parce que j’avais du temps à perdre, et que Septième Ciel dans le cinéma d’en face était trop court et Mensonges d’Etat dans la salle d’à côté trop long. Et, au final, je l’ai même revu une deuxième fois trois jours plus tard.


La pré-affiche américaine de W.

Je n’étais pas très motivé donc... On m’en avait dit du mal et le docu-fiction Being W. ne me donnait pas des masses confiance non plus en ce qui s’apparentait de plus en plus à un faux-bon sujet. Le problème du doc, assez foireux, de Karl Zero et Michel Royer, c’était qu’ils essayaient avant tout de se persuader qu’il tenait là un sujet passionnant. Leur idée se résumant à prendre le contre-pied de la pensée courante : « Les gens estiment que Bush est un crétin… Nous, on va leur retourner le cerveau en se forçant à prouver toutes les dix minutes de notre film que c'est un personnage beaucoup plus complexe qu’il ne le laisse paraître ! ». Une démarche assez limite. Oliver Stone, lui, a eu la bonne idée d’essayer d’être le plus neutre possible. Dans son film, Bush n’est ni con, ni intelligent, il ne nous dit même pas non plus que c’est un type moyen. Il suggère seulement que cet homme, devenu Président, n’était pas du tout à sa place. Et c’est déjà carrément mieux comme proposition.

Le film ne donne pourtant pas une très bonne première impression. Il s’ouvre sur une longue scène de discutaille qui s’apparente moins à une réflexion politique qu’à un défilé de sosies souvent pas terrible, concocté avec le gratin du ciné US indépendant actuel. Le souvenir de l’irréelle et tellement poilante « soirée des sosies » de TF1 en début d’année ressurgit. On y trouve Thandie Newton, enlaidie et grimée pour ressembler à Condoleezza Rice avec un effort de maquillage, façon La Môme, complètement dément pour un simple second rôle ; Jeffrey Wright, prognathe comme Kanye West et guttural comme Barry White, qui force un peu trop le trait pour ressembler à Colin Powell ; Toby Jones (le gentil magasinier dans The Mist qui ressemble à E.T) qui se veut possiblement trop doux pour incarner Karl Rove (mais bon, on sait que c’est sous une apparence angélique que le Mal incarné agit le mieux…) ; plus tard, on retrouvera aussi Ioan Gruffudd en Tony Blair (alors là, même plus d’effort, c’est juste n’importe quoi) ou encore James Cromwell en Bush papa, un très bon acteur qui continue son grand chelem des imitations d’hommes élancés et pincés après avoir interprété le duc d’Edimbourg dans The Queen. A la fin de cette scène, on fait plutôt la moue. Mais, non, la première scène n’était pas celle-ci, juste avant il y eut un générique et un bref premier plan qui ont toute leur importance.


Petit florilège du jeu des sosies...

> Thandie Newton (de Mission : Impossible 2, oui tout à fait) en Condoleezza Rice

> Toby Jones en Karl Rove

> James Cromwell en George Bush père

> Ioan Gruffudd en Tony Blair
(Penelope Cruz et Grégory Coupet étaient aussi en lice pour le rôle)



Donc, retour en arrière. Le film s’ouvre sur un générique sans images, durant lequel on entend l’hymne national américain. Rien de politique, les cris de la foule et quelques coups de klaxon prouvent que le chant est entonné pour un évènement sportif. Le lien entre sport et politique est ainsi annoncé avant même la première image et délimitera toute l’œuvre à venir. Le plan matriciel, sans surprise, appuie cette idée : Bush fantasme son arrivée au pouvoir dans un stade de base-ball vide qu’il imagine bardé. On reviendra dans ce stade à trois reprises dans le film. La première : Bush, toujours esseulé dans le stade, s’y imagine encore alors qu’il attrape une balle au vol. A cet instant, il croit tenir les rennes de sa propre vie. La seconde : moment crucial, Bush est alors dirigeant d’une équipe de base-ball et il se trouve réellement dans le lieu alors. Son père, Président à cet instant, lui conseille de rester en dehors du monde de la politique dans lequel il vient de se lancer maladroitement. La dernière : il s’agit du dernier plan du film (mais bon, puisqu’il ne s’agit que d’une bio de Bush et que, en plus, ce moment n’est que fantasme, je ne vous gâche rien). On vient de suivre pendant deux heures la vie de George W. Bush, ses rêves et ses ambitions, toutes les mauvaises décisions et les mauvaises directions qu’il a prises. Oliver Stone clôt alors son œuvre par cette scène, poignante, où l’on voit Bush attendre une balle pour l’attraper au vol. La balle ne redescendra jamais du ciel. Le symbole est idéal. C’est ça, la vie de W, celle d’un homme qui est passé à côté de son destin, et qui comprend – alors que son second mandat lui échappe absolument – qu’une seconde chance ne viendra jamais. Alors qu’Obama offre un nouvel espoir, immesurable, au peuple américain, la façon dont Oliver Stone porte son regard sur les années George Bush est plus que remarquable. Pas de misérabilisme, pas de moquerie, il ne le grandit ni ne le rabaisse, il montre juste la douleur d’un homme qui n’a jamais fait ce qu’il aurait dû. Alors qu’Obama offre un nouvel espoir, tous les experts en politique américaine s’accordent à dire que George W. Bush est le plus mauvais Président que le pays n’ait jamais connu. Ce que nous raconte Oliver Stone, du coup, c’est comment Bush a fait pour en arriver là, et causer tant de mal à tant de monde alors que ce qu’il souhaitait, c’était uniquement de diriger une équipe de base-ball.

La vie rêvée de George W. Bush

A ce propos, W. fonctionne comme Elephant, de Gus Van Sant. Le projet esthétique n’a rien à voir, mais le fond s’en rapproche. L’idée étant de cumuler un maximum d’explications et de laisser au spectateur le choix quant à celle qui lui semble la plus cohérente pour signifier l’origine des maux désormais écrits dans l’Histoire. Bush a-t-il reçu un appel divin qui l’aurait sommé de devenir Président ? Est-ce parce qu’après avoir touché le fond puis être « born again », il aurait décidé de toucher à la plus haute des aspirations ? Est-ce, encore, pour finir le travail de son père (vaincre Saddam), n’ayant jamais supporté que le peuple américain ne l’ait pas réélu malgré sa victoire en Irak ? Est-ce, enfin, pour concurrencer et vaincre son frère Jeb, et ainsi gagner l’amour de son père ? La somme de tous ces possibles demeurant, évidemment, la meilleure des explications.

Dans tout ça, faudrait pas oublier de saluer Josh Brolin dans le rôle-titre. Jamais dans l’imitation, plus dans la personnification, il est absolument génial de bout en bout. Un autre grand bravo, à Oliver Stone pour l’intelligence de sa mise en scène. Discrètement, il prolonge son discours par ses images. Toujours dans le but d’évoquer le triste destin d’un homme qui n’a pas pris le bon chemin, qui n’a jamais trouvé sa place, Stone distille d'ingénieux symboles qui rappellent en continu ces problématiques. Lorsque Bush et son équipe se balade dans les jardins de la Maison Blanche, le Président arrête la troupe et remarque : « On a loupé le chemin de traverse ». Contrairement à son destin, dans lequel Bush ne su jamais prendre cette sortie et privilégier les sports à la politique, le Président et les siens dans cette scène peuvent alors rebrousser chemin. Autre exemple marquant, ce passage dans lequel Bush reçoit le révérend Earl Hudd dans son bureau alors qu’il est gouverneur. On y voit W s’asseoir successivement dans trois fauteuils différents de la pièce. Autant y voir l’allégorie du parcours de cet homme qui n’aura jamais su trouver sa place, jamais su choisir où se poser, une idée essentielle de l'œuvre ici imagée et résumée en moins d'une minute.

Loin de la bouffonnerie cynique annoncée, W. est un beau film, le portrait émouvant d’un homme qui a simplement raté sa vie. Et ce qui en fait un film passionnant, c’est que cette existence en mode échec ne brisa pas seulement la vie d’un homme, mais celles de milliers d'innocents par la même occasion.